PROLOGUE
Tous les soirs se ressemblent, les nuits aussi. Et les jours, c’est pareil.
À quoi se raccrocher, alors ?
Aux repères, ceux qui rythment le temps, évitant qu’il ne devienne une hideuse masse informe.
S’y cramponner, comme à des arbres au milieu d’une plaine infinie, à des voix au cœur du silence.
À chaque heure, quelque chose de précis. Gestes, odeurs ou sons.
Et, au-delà des murs, le train.
Décibels de liberté venant briser l’aphasique solitude. Celle-là même qui vous dévore lentement, morceau après morceau. Qui vous aspire sans heurt vers les abîmes du désespoir.
Le train, comme un peu du dehors qui s’engouffre en vous jusqu’à l’âme, se moquant des barrières, de l’épaisseur du béton ou de la dureté de l’acier.
Fuir avec lui.
Voyages imaginaires qui transportent ce qu’il reste de soi vers des destinations choisies.
S’accrocher aux wagons, prendre le train en marche. Il ne reste plus que ça.
Là, au cœur de la perpétuité.